jeudi 2 avril 2015

Le changement de la société

En réalité, la société est composée d’un ensemble d’êtres humains qui ont des relations mutuelles. Seulement, un ensemble de gens n’est pas une société, mais simplement un ensemble de gens. Ce qui forme les sociétés est ce qui permet de les distinguer les unes des autres sont les relations mutuelles. Car les êtres humains, peu importe la société dans laquelle ils sont, restent des êtres humains. Ce qui signifie que ce sont des personnalités de l’espèce humaine ou un ensemble qui ne se distingue pas des autres, sauf dans leurs relations.
De manière plus détaillée, la réalité de la société est la suivante : il s’agit d’un ensemble de gens (naas), d’idées (afkaar), d’émotions (machaa’ir) et de systèmes (anzima). Ces quatre composantes forment la société. Parce que les relations résultent de l’intérêt mutuel (maslaha). Quand un intérêt existe, une relation s’en suit. S’il n’y a pas d’intérêt, c’est le contraire. L’absence d’intérêt signifie donc qu’il n’y a pas de relation. L’intérêt est basé sur les idées à propos d’une question ou d’une affaire, peu importe si cette question ou cette affaire constitue un intérêt pour une personne ou non. Et quand les idées des gens correspondent à propos de ce qui est un intérêt, une relation entre eux a donc lieu. Quand les idées ne correspondent pas, ce ne sera pas le cas et il n’y aura donc pas de place pour une relation. Puisque ce qui est perçu comme un intérêt par l’un sera perçu comme nuisible par l’autre. C’est pourquoi dans ce dernier cas, une relation ne pourra pas s’établir entre ces deux personnes.
Ce qui met en place la relation, c’est donc la correspondance des idées des deux parties sur une affaire particulière qui comporte un intérêt mutuel. C’est la première condition à remplir pour une relation. Mais ce n’est pas la seule condition. Une deuxième condition est que les émotions que suscite cet intérêt soient en correspondance sur une affaire : leurs joies, leurs colères, leurs agréments, leurs rejets et toutes les autres manifestations de l’émotion. Et quand une relation se forme sans que les émotions soient en correspondance, la relation ne peut durer, quand bien même les idées seraient en correspondance. Ceci parce qu’une idée doit se manifester dans la réalité pour pouvoir être une idée. C’est-à-dire, que cette idée ne peut devenir un concept que lorsqu’elle est liée aux émotions.
La relation se compose donc des idées et des émotions unifiées. Cette relation peut uniquement se former, et porter ses fruits, quand il existe vraiment des systèmes qui ordonnent et maintient les relations entre les gens. Il n’est donc pas suffisant d’avoir des idées unifiées et des émotions unifiées pour avoir des relations tangibles qui portent leurs fruits. Il est également nécessaire d’avoir l’unité des systèmes qui ordonnent ces intérêts.
Le changement de la société n’est donc pas possible par le changement de ses individus, ni par le changement de ses institutions, ni par le changement de ses dirigeants ou ministres. Le changement de la société ne peut être établi qu’à travers le changement des relations dominantes dans la société, donc en changeant les idées, les émotions et les systèmes dans la société.
La seule manière de changer une société, c’est par le biais d’une structure (koutla) politique idéologique, c’est-à-dire un parti basé sur une idéologie ayant une idée globale et complète; un credo intellectuel politique avec des solutions détaillées pour les problèmes de l’être humain, la société et l’état. Cette idéologie indique également sur quoi les solutions s’appliquent dans la vie et comment conserver et protéger le credo, ainsi que la manière de répandre l’idéologie. Ce parti, après la préparation de ses membres avec ce qu’ils nécessitent de culture (saqafa) pour effectuer le changement, entreprend l’action pour propager ses idées alternatives, et former une opinion publique positive envers les idées du parti, sur base desquelles de nouvelles coutumes sont formées. Lorsque les gens accueillent et acceptent les idées du parti, et que l’idée devient leur idée, ces derniers transfèrent le leadership (qiyaada) au parti.
C’est pourquoi il est nécessaire qu’un groupe ou un parti islamique œuvre à ce que son idée, c’est-à-dire l’idéologie islamique, ait une place dans la société, afin que les gens l’accueillent, l’acceptent et qu’ils œuvrent pour qu’elle devienne l’unique idéologie organisatrice des relations.
La Pensée Islamique
1er avril 2015